mercredi 12 novembre 2014

Le capital au XXI siècle de Thomas Piketty

 
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« Le capital au XXI siècle », un gros livre, presque 700 pages, un livre intéressant, qui couvre à la fois un sujet économique et historique, et, finalement, un livre pertinent, qui traite de la situation actuelle de l’Europe. L’auteur, Thomas Piketty, est devenu un économiste très connu depuis l’apparition de ce livre. Il s’exprime contre les mesures d’austérité européenne. Il propose une autre solution pour attaquer en parallèle la dette publique européenne et l’inégalité croissante du capital : l’introduction d’un impôt progressif. C’est pour ça qu’il est invité tellement souvent par des universités et des gouvernements pour présenter ses idées économiques. C’est pour ça aussi qu’il y a des critiques qui considèrent Piketty simplement un marxiste…
Le sujet de son livre est d’un côté très compliqué, les développements financiers pendant plus de 2 cent années, mais d’une autre côte, le sujet s’est présenté tellement clairement qu’on peut le comprendre confortablement. En effet, sans formation économique quel que soit, le lecteur peut suivre assez facilement les interprétations et les conclusions.

Le livre est très intéressant aussi parce que l’auteur a inséré des références littéraires. Il explique l’importance du sujet de possession des terres et des biens dans la littérature du XIXe siècle. L’auteur débat la question fondamentale déjà discutée dans les livres de Balzac, de Jane Austen et d’autres écrivains du XIXe siècle : pour améliorer son capital, serait-il mieux de faire ses études pour trouver un emploi avec un bon salaire ou serait-il meilleur de se marier avec un héritier ou une héritière d’une famille fortunée ? Malheureusement, on pourrait conclure après d’avoir lu « Le capital au XXIe siècle », que d’investir dans un mariage avec la richesse est mieux pour améliorer son capital que d’investir dans une formation nécessaire pour trouver un bon emploi. Donc, rien n'a changé pendant les derniers deux siècles …

Alors, le livre de Piketty couvre la répartition des richesses depuis le XVIIIe siècle. Le livre repose avant tout sur l’analyse de l’expérience historique des principaux pays développés : les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. C’est une chose nécessaire pour le chercheur, car on peut trouver des données économiques jusqu’au début du XIXe siècle seulement pour les pas riches.

Je trouve le livre vraiment intéressant et impressionnant. Je le trouve intéressant parce que je m’intéresse à la fois à l’économie et à l’histoire et je veux apprendre le français, une langue difficile et compliquée pour un simple garçon hollandais. Alors, trois intérêts dans un seul livre ! Je le trouve impressionnant non seulement pas en raison du grand nombre de pages, mais aussi grâce à la manière de la présentation et de la discussion des données financières. Il y a beaucoup de données présentées et analysées. Heureusement elles sont résumées clairement par des graphiques claires. De plus, le texte contient maintes liens pour que le lecteur puisse accéder les données individuelles aux Internet. En se basant sur ces données, l’auteur arrive à des conclusions captivantes. Même si on ne veut pas étudier toutes les informations numériques, on peut suivre facilement le raisonnement et les conclusions.

Le livre comprend quatre parts. Dans les premières trois parties, l’auteur présente des données financières, ses interprétations et les résultats de ses analyses. Il explique la croissance de l’inégalité du capital, aux États-Unis et en Europe. C’est une inégalité grandissante, surtout depuis le début de la crise actuelle et économique en 2008. Ces trois parties forment la préparation de la quatrième partie du livre où l’auteur propose notamment sa conclusion sur la nécessité d’un impôt progressif pour réduire l’inégalité du capital et pour réduire la dette publique.

Dans la première partie du livre, « Revenu et Capital », l’auteur traite la répartition des richesses. Il avance que « dans des sociétés de croissance faible, les patrimoines issus du passé prennent naturellement une importance disproportionnée, car il suffit d’un faible flux d’épargne nouvelle pour accroître continûment et substantiellement l’ampleur du stock ».

C’est ici, dans cette première partie, où l’auteur présente son équation intrigante « r > g » sur laquelle il a basé son entier travail. Le signe « r » représente le taux de rendement du capital au cours d’une année (sous forme de profits, dividendes, intérêts, loyers et autres revenus du capital, en pourcentage de sa valeur). Le signe « g » représente le taux de croissance ou l’accroissement annuel du revenu et de la production. Quand r est plus large que g cela implique mécaniquement « que les patrimoines issus du passé se recapitalisent plus vite que le rythme de progression de la production et des revenus. Donc, dans des sociétés de croissance faible, les patrimoines issus du passé prennent naturellement une importance disproportionnée, car il suffit d’un faible flux d’épargne nouvelle pour accroître continûment et substantiellement l’ampleur du stock. »
Dans la partie suivante, « La dynamique du rapport capital/revenue », l’auteur discute plus sur les conséquences de cette équation « r > g ». Il montre aussi qu’on doit analyser les données financières pendant une longue durée (au moins cent années) pour éliminer des effets temporaires. Il discute aussi les effets économiques désastreux des guerres mondiales. Désastreux si, mais Piketty montre que ces deux guerres ont aussi abouti à une réduction sérieuse de l’inégalité européenne en ce temps…

Dans la troisième partie du livre, « La structure des inégalités », l’auteur discute la distribution de la richesse dans les sociétés européennes et dans les États-Unis. Il montre que dans les pays riches, « les 10 % les plus riches détenaient la quasi-totalité du patrimoine national et que la part du décile supérieur atteignait 90 % ». Il constate que : « À eux seuls, les 1 % les plus fortunés possédaient plus de 50 % du total des patrimoines. La part du décile supérieur atteint 60 % en Europe en ce début de XXIe siècle, et elle dépasse 70 % aux États-Unis. » En 2010 selon l’auteur, la moitié inférieure de la population possède à peine 5 % du total.
Selon l’auteur, la hausse de ces inégalités aux États-Unis a contribué à fragiliser le système financier américain. Il donne l’argument que cette hausse a eu pour conséquence « une quasi-stagnation du pouvoir d’achat des classes populaires et moyennes aux États-Unis, ce qui n’a pu qu’accroître la tendance à un endettement croissant des ménages modestes ; d’autant plus que dans le même temps des crédits de plus en plus faciles et dérégulés leur étaient proposés par des banques et intermédiaires financiers peu scrupuleux, et désireux de trouver de bons rendements pour l’énorme épargne financière injectée dans le système par les catégories aisées. »

Dans la dernière partie du livre, « Réguler le capital au XXIe siècle », l’auteur discute la dette publique. C’est ici qu’il avance et défend la nécessité d’un impôt progressif. Un impôt est dit proportionnel quand son taux est le même pour tous. Un impôt est progressif quand son taux est plus élevé pour les plus riches et plus faible pour les plus modestes. D’après l’auteur, le niveau optimal du taux supérieur dans les pays développés serait supérieur à 80 %. (J’avais déjà mentionné l’étiquette de marxiste…).

Depuis 2008 il y a une grande discussion sur la dette publique en Europe. Les mesures d’austérité ont divisé politiquement les pays du nord et les pays du sud. De plus, il semble que ces mesures ont abouti à des problèmes économiques même plus grands. Piketty explique qu’il existe deux façons pour un État de financer ses dépenses : par l’impôt, ou par la dette. L’auteur déclare que l’impôt est la solution préférable, « à la fois en termes de justice et d’efficacité ». Selon l’auteur il existe trois méthodes principales pour réduire significativement une dette publique importante que l’on peut combiner dans diverses proportions : l’impôt sur le capital, l’inflation et l’austérité. L’auteur prétend que la pire solution, en termes de justice comme en termes d’efficacité, est une cure prolongée d’austérité. C’est pourtant cette solution qu’on a choisie actuellement en Europe. Par contre, Piketty déclare que la solution préférée pour réduire la dette publique consiste à prélever un impôt exceptionnel sur le capital privé.

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