dimanche 13 décembre 2015

« La Déesse des petites victoires » de Yannick Grannec

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Une biographie fictive sur Adèle Gödel, la femme de Kurt Gödel. Anna, une jeune documentaliste universitaire, rend visite à Adèle Gödel dans un hôtel de retraite médicalisé. Adèle, une vieille femme, est en effet la veuve de Kurt Gödel, le grand mathématicien. Anna a une mission difficile : elle doit récupérer les archives de Gödel. C’est une mission délicate. Adèle ne veut pas céder les archives et, de plus, elle a menacé de les détruire avant son mort. La destruction de ces archives constituerait un désastre scientifique. Nous sommes en 1980.


Kurt Gödel est un fameux mathématicien et philosophe qu'on appelle « le plus grand logicien après Aristote ». Kurt Gödel était un bon ami d’Albert Einstein et d’autres fameux scientifiques qui travaillent à Princeton pendant et après la Seconde Guerre mondiale.
Les visites d’Anna sont un divertissement bienvenu pour Adèle. Anna, à son tour, elle est prête à être indulgent pour gagner la confiance d’Adèle. Elle est aussi un peu curieuse et elle voudrait savoir plus sur la vie d’Adèle et son fameux époux. Les deux femmes commencent à échanger leurs histoires de la vie.

Kurt et Adèle, ils se rencontrent quelques années avant la Seconde Guerre mondiale à Vienne. Kurt est un étudiant brillant, fils d’une très bonne famille. Adèle, elle, elle est une danseuse dans une boîte Viennoise. Elle a eu une éducation scolaire simple et, de plus, elle a sept ans de plus que Kurt. Alors, les deux gens vivent dans deux mondes complètement différents. La famille de Kurt n’aime pas du tout sa petite amie. C’est pour cette raison qu’ils se marieront seulement dix ans plus tard. Pour Adèle, en effet, le mariage est une façon de s'élever au-dessus de sa condition. Cependant, elle ne serait jamais acceptée par la famille de son mari.

Kurt Gödel, il est génial, mais il a des problèmes mentaux, il est paranoïaque et il cause beaucoup des ennuis à sa femme. Adèle, elle commence sa vie mariée à être une épouse mais après quelques années elle devient une infirmière personnelle. En effet, il est vraisemblable que sans les soins d’Adèle, la vie de Kurt Gödel se terminerait dans une maison de fous. Après le début de la guerre, quand beaucoup des scientifiques juives ont quitté déjà l ’Autriche, Adèle et Kurt décident d’émigrer aux Etats-Unis. Kurt trouve un emploi à l’université de Princeton où il rencontre les plus grands scientifiques du XXe siècle comme Albert Einstein, Oskar Morgenstern, Wolfgang Pauli et John von Neumann.

La vie aux États-Unis est difficile pour Adèle. Elle perd graduellement son époux. Le grand Kurt Gödel devient un personnage terrible sans habileté sociale. La vie avec lui devient presque impossible ; Kurt néglige complètement sa femme et il traite comme une aide ménagère. Tous leurs amis sont en effet des collègues de Kurt. Adèle manque l’éducation pour comprendre les sujets scientifiques discutés à la maison par ces collègues et leurs épouses. En effet, Adèle n’a rien en commun avec tous les gens qui rendent visite.

C’est un livre intéressant avec un thème captivant : comment est-ce que possible que deux personnes, qui sont tellement différentes, peuvent partager une vie mariée ensemble ? La brève réponse dans le cas des Gödel : grâce aux sacrifices d’Adèle. Elle a tout renoncé pour aider et pour assister son époux, surtout dans la deuxième partie de leurs vies.

L’auteur a utilisé une façon élégante pour raconter la vie d’Adèle. Les chapitres sur Anna et ses discussions avec Adèle et les chapitres sur la vie d’Adèle d’autrefois s’alternent. C’est un livre facile à lire, bien que je trouve quelques discussions scientifiques un peu trop profondes et même ennuyeuses. On pourrait dire que ces discussions peu intéressantes m’ont aidé à mieux comprendre l’ennui d’Adèle dans cet environnement académique de Princeton. Par contre, la description de la vie des Gödel à Princeton est très amusante. J’ai aimé leurs interactions avec Albert Einstein et avec les autres scientifiques connus.  

C’est un bon livre original qui m’a stimulé à chercher plus des informations sur Gödel et ses théories. Malheureusement, j’échoue toujours complètement à comprendre ses pensées. C’est exactement la même expérience comme d’autrefois, il y a 25 ans, quand j’ai cherché à comprendre désespérément ce livre connu « Gödel Escher Bach : Les Brins d'une Guirlande Eternelle » de Douglas Hofstadter. Ce n’est pas pour moi, la logique, même à ce niveau… :)

Le livre de Yannick Granneca a gagné le Prix des libraires en 2013.