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Magnifique !
L’auteur a invité
un grand nombre de gens à raconter leur enfance dans l’Union des Républiques
Socialistes Soviétiques et à partager leurs pensées et expériences en ce qui
concerne les développements et changements sous Gorbatchev. Toutes ces
histoires et ces pensées se sont couchées sur le papier dans ce livre. De plus,
l’auteur présente des commentaires de gens inconnus enregistrés dans les rues.
L’ensemble, les histoires personnelles et les commentaires, constitue un récit impressionnant
et touchant.
On trouve beaucoup
des sujets dans ce livre ; la fierté des vrais communistes, la répression, l’angoisse,
la pénurie, la vie en Sibérie, la Seconde Guerre mondiale, les développements sous
Gorbatchev… Mais on trouve surtout des souvenirs personnels, les espoirs et les
tragédies humaines. Évidemment, grâce à Soljenitsyne et d'autres auteurs, on connaît
déjà la vie et le désespoir des prisonniers dans les camps et dans les prisons
en URSS. Svetlana Alexievitch, elle, elle présente les histoires des citoyens normaux
dehors les camps et les prisons.
On développe de la sympathie
pour les grands-parents qui racontent leur vie dans l’URSS. Leurs histoires sont
touchantes. Ils ont souffert de la répression de Staline, ils ont souffert de
la peur et de la pénurie, ils se sont envoyés en Sibérie… Toutes ces
expériences crèvent le cœur du lecteur. Après Gorbachev, ils ont perdu leur
travail, leur sécurité financière et leur pays. Les fiers soldats de l’URSS de
la Seconde Guerre mondiale et après, ils sont devenus des mendiants dans leur nouveau
pays.
Les
grands-parents d’aujourd’hui, ils ont aussi perdu leurs petits-enfants qui ne
connaissent plus l’histoire d’URSS. Leurs petits-enfants vivent dans un autre monde
et connaissent à peine les noms de Lénine et Staline. Ces jeunes, ils ont un
seul intérêt : l’argent. Leurs grands-parents, ils étaient des
intellectuels, ils n’avaient pas d’argent ou de biens. Ils lisaient et ils partageaient
secrètement des textes interdits (le samizdat et le tamizdat) dans leurs
cuisines. Ils ont souffert beaucoup de la répression et de la pénurie. Et voilà,
les gens de la jeune génération d’aujourd’hui, ils ne veulent pas savoir. Les
grands-parents craignent qu’ils perdent leur histoire à eux. Ils craignant que toutes
leurs expériences soient oubliées et que toute la souffrance ait été pour rien. Ancien
communiste ou pas, les grands-parents de l’URSS ne peuvent pas s’adapter à leur
nouveau « pays capitaliste à la Russie ».
Il y a aussi d’autres
récits, comme l’histoire d’une Arménienne, réfugiée de la guerre dans le sud de
l’URSS ou l’histoire d’une survivante d’un attentat terroriste contre le métro à
Moscou. Tous les récits sont émouvants et très bien écrits. En effet, le texte du
livre est toujours fluide et cohérent. On ne remarque pas que ce sont des
récits des personnes différentes. Le livre se lit très facilement. On a presque
l’impression qu’on est là, ensemble, à table avec le raconteur ou la raconteuse.
C’est un bel œuvre
admirable. L’auteur a réussi à transformer un grand nombre des histoires personnelles
et émouvantes dans un livre cohérent et digne d'être lu. Le livre donne une historiographie
alternative et captivante. Il m’a donné beaucoup d’envie de lire aussi son autre
œuvre connu, celui sur la tragédie de Tchernobyl.
L’auteur a gagné
le Prix Nobel de littérature en 2015.