On présente le sujet du gaz à effet de serre pour comprendre les enjeux du réchauffement climatique. On explique d'où viennent les émissions de ces gaz et les rôles des forêts et des océans comme puits de carbone. Puis on discute les changements climatiques et leurs conséquences les plus importantes. Finalement on explique pourquoi les négociations internationales pour trouver une solution sont tellement difficiles.
Voilà, le résumé du premier module.
Module 1 Les changements climatiques sont-ils théoriques ?
Il existe aujourd'hui un consensus au sein de la communauté scientifique internationale que l'activité humaine, depuis la révolution industrielle, a un impact décisif sur le niveau de concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Le lien entre les activités humaines et l'accroissement des températures constaté depuis 1950 est « extrêmement probable ». Le niveau de certitude a augmenté ces dernières années.
Gaz à effet de serre
Il existe différents types de gaz à effet de serre :
dioxyde de carbone, le protoxyde d'azote, le méthane et les gaz fluorés. Chacun
de ces gaz exerce une intensité plus ou moins forte en termes d'impact de
réchauffement et de durée de vie. Ainsi, le protoxyde d'azote est deux fois
plus puissant que le dioxyde de carbone, le méthane vingt fois plus et les gaz
fluorés mille fois plus puissants.
Le taux de concentration de dioxyde de carbone dans
l'atmosphère est mesuré en parties par million. Il était de 289 parties par
million avant l'ère industrielle, et en avril 2014 il a dépassé le seuil des
400 parties par million.
Près de 87 % des émissions de dioxyde de carbone
attribuables à l'homme sont dues à l'utilisation de combustibles fossiles tels
que le charbon, le pétrole, et le gaz naturel. La production d'énergies fossiles
et l'élevage intensif sont les premières causes des émissions humaines de
méthane (60%). Au niveau de l'union européenne, la très grande majorité des
émissions de gaz à effet de serre provient de l'utilisation des énergies
fossiles dans l'industrie, puis des transports et du résidentiel tertiaire (le
secteur lié aux bâtiments comme les logements ou les bureaux).
La planète dispose de deux types principaux de puits de
carbone. D'une part, les écosystèmes forestiers, avec les tourbières et les
prairies. Par le mécanisme de la photosynthèse, ils séquestrent le carbone tout
en rejetant de l'oxygène dans l'atmosphère. Les océans sont l'autre grand puits
de carbone. Ils absorberaient environ 50 % du carbone émis sous forme de
carbone dissout ou minéral. Les océans sont aussi un puits de chaleur,
absorbant entre 80 et 90 % de la chaleur dégagée dans l'atmosphère.
La « pompe physique » |
Océans et climat
Les cinq océans couvrent environ les deux tiers de la
surface de la Terre. Ils exercent une fonction régulatrice par la « pompe
physique », qui est essentielle pour la stabilité du climat. Le carbone de
l'atmosphère est pompé par l'océan, puis se dissout dans l'eau pour former du
carbonate et de l’acide. Plus l'océan absorbe de carbone, plus son acidité
augmente. L'augmentation de la quantité de dioxyde de carbone d'origine humaine
fragilise cette fonction régulatrice.
Les océans régulent la circulation des courants et donc
l'équilibre des climats. La « circulation thermohaline » est essentielle
à la régulation des températures et de l'équilibre biochimique des eaux
océaniques. La circulation thermohaline consiste en deux courants. D'un côté,
les eaux chaudes de surface partent de l'équateur vers les pôles, et de
l'autre, les eaux froides des profondeurs partent des pôles vers l'équateur.
La hausse du niveau des océans était 1,7 mm par an au
cours du XXe siècle et aujourd'hui elle est passée à plus de 3,2 mm par an. On
estime que 20 % de la montée des eaux, au cours des 20 dernières années,
seraient dues à la fonte des glaces. Cette fonte des glaces, qui libèrent
d'énormes quantités d'eau douce, risque à son tour de ralentir la circulation
thermohaline.
Élévation du niveau de la mer, 1700-2011 |
Les risques principaux de la montée des eaux pour les
écosystèmes côtiers sont la salinisation des terres et des aquifères, l'érosion
des littoraux, la disparition des zones humides et des mangroves, des
inondations quasi permanentes et des catastrophes naturelles de plus en plus
fréquentes.
La circulation thermohaline |
Augmentation des températures
La hausse de la température ne sera pas la même sur l'ensemble
de la planète : un réchauffement moyen de 6 °C amène à une hausse de 4 °C
sur les océans et de 10 °C sur les terres arides ! Le réchauffement des
océans entraîne une hausse de leurs niveaux qui est estimée entre 26 et 98
centimètres sur le siècle prochain.
La Terre a connu dans son histoire de périodes de
réchauffement, elle ne les a jamais connus dans un temps aussi bref. Les
scientifiques estiment que si la hausse des températures dépasse 2,5 °C, c'est
20 à 30 % de la faune et de la flore qui sera directement menacée d'extinction.
La hausse des températures entraîne une
forte migration des espèces et donc une nouvelle répartition des espèces qui
sont vectrices des maladies parasitaires infectieuses.
Et bien les coraux, l'espace le plus riche en termes de
biodiversité, disparaissent. Les coquillages, base de l'alimentation d'un grand
nombre de poissons, sont fragilisés. Et les océans, qui sont déjà surexploités,
verront donc leur population de poissons fortement baisser.
Les négociations internationales
Pour éviter les pires conséquences, l'objectif mondial
doit être de limiter à seulement 2° C la hausse des températures par rapport à
leur niveau pré-industriel. Malheureusement, plusieurs pays, comme les
États-Unis, le Canada, le Japon et l'Australie, ont renoncé le protocole de
Kyoto, car la réduction des émissions de gaz à effet de serre serait incompatible
avec la croissance économique. Les pays en voie de développement restent très attachés
à ce que la lutte contre la pauvreté demeure la première priorité des
négociations internationales. Et ils craignent un protectionnisme vert,
c'est-à-dire ils craignent qu'au nom de l'écologie, l'aide au développement ne
soit réduite. Le climat est donc l'otage d'un modèle de développement daté, ce
qui forme une première source de blocage. Le principe de responsabilité commune
mais différenciée forme une deuxième source de blocage. Les négociations
internationales sont devenues l'otage d'un rapport de force entre la première
et la deuxième économie mondiale. Les procédures de la négociation sont une
troisième source de blocage, car elles sont peu adaptées à cette forme de
négociation.
Le bilan des négociations internationales s'apparente à
un double recul. En premier lieu, la renonciation à des engagements
contraignants, y compris pour les pays industrialisés. Depuis Cancún en 2010,
la terminologie officielle n'est plus des engagements des états mais des « contributions ».
Deuxième recul, l'écart croissant entre les données scientifiques toujours plus
précises des scientifiques du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat) et l'affaiblissement de la négociation internationale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire